A Evry aussi, le FN est de sortie

18 avril 2011

A Evry aussi, le FN est de sortie

Les élections cantonales sont terminées et tout le monde regarde maintenant vers 2012. Sujet central de cette campagne, qui ne manquera pas d’agiter les rédactions d’ici l’année prochaine, le poids grandissant, bien qu’à relativiser, du Front National. A Evry, pour la première fois, le parti d’extrême-droite accédait au second tour d’un scrutin local.

Panneau électoral, Evry, élections cantonales

Fin mars, lors d’un scrutin à deux tours au suffrage universel direct, on renouvelait la moitié des sièges des conseils généraux, dans l’ensemble des départements français. Seule élection à ne pas concerner Paris, il faut croire qu’elle n’a pas passionné les principaux médias nationaux. Pas d’émission électorale, un traitement des programmes des candidats autour d’enjeux nationaux plus que locaux, il aura été difficile de mobiliser les électeurs pour ces élections qui décident de l’avenir de nos départements.

Avec les différentes lois de décentralisation, ceux-ci prennent pourtant aujourd’hui de plus en plus de place dans la vie quotidienne des français. Les départements, avec leur instance qu’est le Conseil général, décident des politiques sociales, gèrent les voiries, construisent et entretiennent les collèges, pratiquent des politiques culturelles et de soutien aux associations sportives, ou encore améliorent les dessertes locales de transport.

Trois faits sont à ressortir de ce scrutin des élections cantonales à l’échelle nationale. Prévisible, l’abstention a battu tous les records. Dans une certaine mesure, la gauche sort renforcée au sein de ces collectivités, puisqu’elle assure la gestion de celles-ci dans une majorité des cas. Enfin, c’est la poussée en terme de pourcentage du Front National qui est l’élément marquant de ce vote.

En Essonne, 10 candidats frontistes se sont qualifiés pour le second tour, sur les 21 cantons renouvelables que compte le département. Au final, aucun élu, mais des scores qui dépassent les 40% dans certains bureaux de vote. Est-ce à dire que les français se sont largement imprégnés des valeurs défendues par le parti de Marine Le Pen?

Comme expliqué dans un article de Fiona Moghaddam publié sur Essonne Info, il règne une certaine banalisation du vote FN dans certains quartiers d’Evry. Mais plus que pour des raisons d’adhésion à un projet, il s’agit surtout d’un vote rejet. Rejet des politiques menées, à différents échelons, rejet d’une certaine forme d’exercice du pouvoir, impression d’être laissé de côté, elles peuvent être nombreuses les causes qui font monter d’un cran le degré d’exaspération d’une société, du moins d’une large frange qui se sent complètement abandonnée.

A Evry pour la première fois, le Front National a accédé à un second tour de scrutin local. A me rappeler l’effervescence qui régnait après l’arrivée de Le Pen père au second tour des présidentielles de 2002 dans ma ville, je n’ose des fois pas croire que je me trouve au même endroit, même 9 ans après. Je fais partie d’une génération qui a profondément été marquée par l’accession de l’extrème-droite au second tour de l’élection de 2002. Lorsque l’on grandit dans un environnement tel que celui des quartiers d’Evry et de la ville nouvelle, on ne peut s’empêcher de penser que demain, la France sera multicolore, ouverte, généreuse. Un endroit où il fait bon vivre, où les personnes ne sont pas considérées par leur origine ethnique, mais par leur personnalité. A l’école, au bac à sable comme dans les premières escapades, mais également au moment de passer le baccalauréat série économique et sociale au lycée ZEP Georges Brassens, et que l’on voit ce résultat effrayant, on est marqué à vie, et on se dit que décidément, cette vision de la France rétrograde et fermée n’est pas la nôtre. Aujourd’hui, le contexte est différent, mais le sentiment d’amertume déjà constaté laisse tout de même un goût particulier sur les choses. Comme hier, il faudra cette fois réagir de plus belle, et demain mettre en marche le vrai changement sociétal attendu par tous ceux d’en bas, mais qui tarde à se concrétiser.

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