Julien M.

Une expérience journalistique qui fête ses trois ans

Ce mois de mai 2013 est une période un peu spéciale pour moi. Nous fêtons les trois ans de la mise en ligne du web-journal Essonne Info, dont je coordonne la rédaction.

annonce

Expérience associative, réalisée avec un groupe d’amis au départ, Essonne Info est devenu en trois ans de temps un média local de référence. Beaucoup de chemin a été parcouru depuis nos premières conférences de rédaction, sans trop savoir où nous allions. Nous avons su profiter d’un département riche en initiatives, actualités et personnalités, pour raconter à notre manière la vie locale.

Créer à partir de rien un vrai quotidien d’informations locales était un pari. Le monde de la presse étant en chamboulement, et l’avènement des pratiques du web 2.0 aidant, nous souhaitions proposer un contenu qui ressemble à la vie des Essonniens, qui s’attarde sur leurs préoccupations, et qui leur serve à comprendre les enjeux les concernant.

Mais la question du modèle économique de la presse internet n’est pas résolue. Trois ans après, notre structure est encore fragile, et nous dégageons maintenant une énergie particulière pour la rendre viable sur le long terme.

Parallèlement à cela, nous continuons nos efforts pour publier des informations originales, mettre en avant les initiatives locales intéressantes et montrer la richesse de nos territoires. Plus que jamais, ce que l’on appelle la banlieue dispose d’atouts de choix, qu’il faut continuer à valoriser.

J’essaierais dans les prochains temps de mettre sur ce blog quelques sujets que nous avons traité et qui reflètent la diversité de nos publications.

A bientôt !


Une drôle de campagne

Ces derniers mois, j’ai très peu utilisé la plateforme Mondoblog. Je suis très absorbé par le web-journal dont je m’occupe, et même si je passe du temps lire vos articles, je n’interagis plus comme je le voudrais avec les Mondoblogueurs. Je me dis que si il fallait choisir un moment pour faire son retour, cela pourrait être ces temps-ci.

Au mois de décembre, les imprimeur des Rotos Francilienne à Evry ont sorti le dernier numéro du quotidien France Soir.

Et oui, comme vous le savez, je suis l’un des rares Mondoblogueurs français ! Tout comme j’ai beaucoup apprécié lire les chroniques de blogueurs qui nous ont expliqué et transmis leurs reportages depuis plusieurs pays en élection, je me dis que vous pourriez être intéressés par quelque chroniques en direct de l’Hexagone.

Je pense que le moment s’y prête. Je m’explique : comme vous pouvez le lire en titre, nous sommes entrés dans une « drôle » de campagne. « Drôle » ne signifie pas toujours rigolo, dans le sens du rire. « Drôle » se comprend ici sous l’angle de l’étrange, de l’inhabituel, voire du surnaturel.

J’ai cru comprendre que des échos à l’étranger ne sont gères glorieux parfois, ce mardi, le respectable Wall Street Journal a titré « Nicolas Le Pen » l’un de ses articles. C’est aussi ce qu’on se dit ici, certains sujets abordés ne nous font pas forcément honneur. Mais la vie continue comme on dit. Ce n’est pas la première campagne à laquelle je m’intéresse, j’ai suivi de prêt les scrutins français depuis les élections présidentielles de 2002. Cette année, c’est en tant que journaliste local que l’on peut dire que je suis « dedans » . Evry, dans le département de l’Essonne, est situé à 30 kilomètres de Paris, en banlieue, celle que l’on nomme aussi Grande couronne. L’Essonne compte environ 1,2 million d’habitants, et est traversée par des problématiques qui recoupent plusieurs thèmes de campagne, comme les questions urbaines, économiques, de recherche, de logement ou encore l’agriculture.

Nous avons ainsi le droit à des visites de campagne de candidats ou de leurs soutiens, ces derniers temps celle du PS François Hollande, et du premier ministre François Fillon. Par ailleurs, nous allons avec nos modestes moyens à la rencontre de ceux qui font vivre cette campagne au niveau local. Je veux parler de ces militants, de différents partis, qui tentent de convaincre sur leurs idées sur les places publiques, dans les marchés ou les quartiers.

A très vite alors pour quelques mots de ce qu’il se passe ici. Si bien sûr des sujets vous intéressent, n’hésitez pas à me le faire savoir en commentaire, je tenterais d’apporter ma (très) modeste contribution à vos éventuels questionnements sur la campagne présidentielle française.


A la rencontre de la révolution tunisienne

Cet article inaugure une série de sujets réalisés suite à un voyage en Tunisie. Journaliste et blogueur, je souhaitais comprendre un peu mieux la situation sur place. Cela six mois après la révolution du 14 janvier, et alors que se profilent des éléctions pour mettre en place une assemblée constituante, chargée de créer un nouveau projet de société pour le pays et ses habitants.

C’est sur une place de la Kasbah bouclée, lieu symbolique de la révolution du jasmin de Tunisie, que quelques centaines de jeunes tentent de raviver la flamme des plus grandes manifestations de janvier, celles qui débouchèrent sur la chute du régime de Ben Ali. Alors que le processus démocratique se met doucement en place, avec en lumière l’élection de l’Assemblée Constituante du 23 octobre, le scepticisme reste ambiant. La police se voit ainsi toujours critiquée, pour sa violence par moment. Et de nombreuses rumeurs dans la population font état d’une présence persistante de membres du RCD dans les structures gouvernementales.

Il y a une impression que les choses n’avancent pas, du moins pas suffisamment vite ici. Si personne ne semble regretter le départ de Ben Ali, les attentes sont grandes chez les Tunisiens. Et pour le moment, les perspectives qui se dessinent restent floues. Pourtant, dans les milieux militants, chez une partie de cette jeunesse qui s’est mobilisée, on veut y croire. Il y a une réelle volonté de vivre mieux, et de participer à l’élaboration de cette nouvelle société.

C’est ce que je ressors d’un entretien passionnant qui s’est improvisé dans la ville de La Marsa, au nord de Tunis. Ce dimanche matin, Alain Gresh, le directeur des Nouvelles d’Orient et journaliste au Monde Diplomatique tient une conférence sur les révolutions du monde arabe de ce printemps 2011. Très bon connaisseur de la question égyptienne, où il a beaucoup travaillé, il décrit dans un article publié sur son site, les suites du réveil arabe.

Une discussion improvisée commence, devant le théâtre où se tient cette réunion. Trois jeunes gens de ma génération, l’un jeune diplômé, le second chômeur et l’un étudiant, proposent de prendre le temps de parler autour d’un café… qui durera finalement deux heures. Au départ simple échange informel, cette rencontre s’est révélée extrêmement riche et intéressante. Une manière de saisir cette façon de vivre si singulière de toute une jeunesse tunisienne. Connectée au monde, éduquée et diplômée, elle n’en demeure pas moins soucieuse de sa spécificité culturelle. La France est son modèle. Du moins, la France des valeurs démocratiques et son système social reconnu.

Je publie un dossier sur la question, intitulé « De Sidi Bouzid à Massy, où va la révolution Tunisienne? » dans la revue de rentrée du web-journal Essonne Info.


Une semaine avec ces étrangers qui dorment devant la préfecture

Dans le cadre de mon travail dans la rédaction d’Essonne Info, je me suis penché ces dernières semaines sur un phénomène très particulier. A Evry, chef lieu du département de l’Essonne, des centaines de résidents étrangers doivent dormir devant les grilles de la préfecture, pour effectuer de banales démarches administratives.

Devant les grilles de la préfecture de l'Essonne à Evry
la file d'attente nocturne pour les étrangers résidents du département de l'Essonne

On les trouve sur place au petit matin. Ils passent la nuit entière dehors, avec l’espoir d’être parmi les 150 qui se verront attribuer un ticket d’entrée. Avec la mise aux normes de l’administration préfectorale aux nouveaux dispositifs du passeport biométrique, une véritable désorganisation de l’accueil des étrangers est en oeuvre depuis plus de trois mois en Essonne. En me rendant plusieurs fois au long de la semaine devant la préfecture, j’ai pu me rendre compte de la gravité de la situation.

Dimanche soir. C’est devant les grilles de la préfecture que des centaines de résidents étrangers sont condamnés à dormir, sous les aléas du climat, y compris quand celui-ci amène une tempête de grêle (lire le reportage). Lundi matin, après un week-end de quatre jours pour cause de ferié, ils seront une nouvelle fois trop nombreux pour tous entrer dans la préfecture.

Lundi soir. Après une journée calme, les premières personnes arrivent sur place dès 17H. A 20H, on dénombre déjà plus de 100 personnes. Une petite organisation s’est mise en place. Les étrangers éditent des numéros à l’aide de petits bouts de papiers. Il s’agit d’établir un ordre d’arrivée, qui est ensuite censé correspondre à l’entrée des personnes le lendemain matin en préfecture.

Mardi. Plusieurs témoignages de lecteurs d’Essonne Info parviennent à la rédaction. La présence des résidents étrangers devant les portes de la cité administrative d’Evry est en effet visible, et beaucoup sont ceux à s’interroger sur les raisons de cet encombrement administratif. Monsieur Kamara, un « immigré parmi tant d’autres » livre un récit troublant, ce qui m’a amené à le publier intégralement.

Mercredi après-midi. Suite aux premiers reportages sortis en début de semaine, la préfecture de l’Essonne, contactée au sujet de l’accueil des étrangers, me propose un rendez-vous avec le secrétaire général de la préfecture. Celui-ci reconnaît le problème, tout en indiquant qu’il faudra du temps pour un retour à la normale.

Mercredi soir. La présence sans discontinuer des étrangers devant les grilles de la préfecture semble faire des victimes collatérales. Les riverains de la rue avoisinante font directement les frais de ces attroupements nocturnes, et parlent de « dépressions » en ce qui les concerne.

Mercredi soir. Il est 19H30, une soixantaine de personnes sont déjà sur place, pour tenter leur chance le lendemain matin. 127 : c’est le nombre de tickets déjà distribués selon l’ordre d’arrivée des étrangers, qui vont une nouvelle fois passer la nuit entière dehors.


L’effet boule de neige

Qui aurait cru, il y a tout juste une semaine, quand les rassemblement du 15m ont été organisés, que des milliers d’espagnols occuperaient leurs places en ce jour d’élection? Pendant toute la journée précédent le vote, et en ce dimanche, le mouvement des « indignés » prend toujours plus d’ampleur, jusqu’à se trouver en première page du quotidien El Paìs ce jour.

C’est du jamais vu. Alors que s’ouvrent ce dimanche les élections régionales et municipales dans la majeure partie de l’Espagne, des milliers de personnes continuent d’occuper les places des principales villes du pays. Ce mouvement a tout simplement balayé la fin de campagne, et le duel que se livrent les deux principaux partis espagnols le PSOE (gauche) et le PP (droite) pour la conquête des gouvernements de 13 régions, et des 8116 municipalités qui renouvellent leur conseil municipal.

Vendredi soir, à quelques heures de l’interdiction en vigueur de manifester la veille de scrutin, le ministère de l’intérieur a pris la décision de ne pas faire évacuer les contestataires. Il faut dire que la foule était décidée à ne pas bouger, et le risque politique était fort pour les socialistes au pouvoir, de commettre une faute en empêchant un mouvement qui se revendique pacifique de s’exprimer.

A minuit, vendredi soir, une impressionnante minute de silence a eu lieu sur la Puerta del Sol, comme pour célébrer l’entrée officielle dans cette journée de réflexion. Car de réflexion, il en est désormais de plus en plus question dans le mouvement Democracia real ya ! Les assemblées créent des groupes de travail pour réflechir, aboutir sur des propositions d’actions ou des revendications, le tout en direct sur les réseaux sociaux, qui alimentent ainsi le débat et l’échange d’informations de part l’Espagne, et maintenant une partie de l’Europe.

En quelques heures à chaque fois, des appels à soutenir les manifestants espagnols ont tourné sur les réseaux sociaux, et depuis vendredi, des rassemblement s’organisent sur les mêmes mots d’ordre. A l’exemple de Paris, où à l’appel d’étudiants espagnols, plusieurs regroupements ont déjà eu lieu devant l’ambassade espagnole, ainsi que sur la place de la Bastille. Une soixantaine de personnes a ainsi passé la nuit sur place, dans le but de se montrer solidaire de ce qui se déroule de l’autre côté des Pyrénées.


Le vent se lève en Espagne

Il aura fallu attendre trois jours, trois jours entiers pour que le monde daigne regarder du côté de la péninsule ibérique. Trois jours que quelquechose a commencé. Quelque chose d’inédit, l’on pourrait dire, inédit, car jamais connu auparavant. En tout cas de cette forme.

Hier soir, alors qu’un nouvel appel à se rassembler circulait sur les réseaux sociaux, pour un rendez-vous à 20h sur la Puerta del Sol, le gouvernement local de Madrid a décidé d’interdire toute manifestation, car pouvant porter atteinte à l’organisation des élections de dimanche prochain. Pourtant, c’est au nombre de 7000 que les madrilènes se sont retrouvés au long de la soirée sur la place centrale de la capitale espagnole.

A partir de minuit, une Assemblée Générale improvisée sur place a débouché à la mise en place de commissions de travail, et des appels à continuer les rassemblements dès ce jeudi. Pendant la nuit, de grandes baches ont été installées, car la pluie a fait son apparition sur Madrid. A Valladolid, Grenade, Salamanque ou encore Barcelone, le même type de rencontres a eu lieu hier, regroupant toujours plus de jeunes, précaires et travailleurs.

Sur la Puerta del Sol, quelques 1500 personnes sont restées toute la nuit sur place, la police renonçant finalement à les évacuer vers 1h du matin.

Les campements spontanés vont se multiplier ce jeudi, avec une quarantaine de rendez-vous fixés dans les principales villes espagnoles (voir la liste des rassemblements). A Madrid, le déroulé des événements est suivi en direct par des milliers d’internautes via les plateformes de partage d’informations et les réseaux sociaux. Une chaîne est même depuis la nuit dernière ouverte pour observer instantanément ce qui se déroule sur la Puerta del Sol (https://soltv.tv/). Symbole de ce mouvement (lire le billet précédent), la place madrilène a des airs de place Tahrir ce jeudi matin, du moins dans la tête des participants aux réunions spontanées.

A l’étranger, de premiers rassemblements de soutien se sont déroulés devant les ambassades espagnoles ce mercredi soir à Bruxelles, Berlin, Londres et Rome. Ce jeudi, des rendez-vous sont donnés à Paris ou encore Buenos Aires. A 20h, dans la capitale française, un appel à se rassembler à été lancé via les réseaux sociaux (voir le rendez-vous sur facebook).

Nul ne sait sur quoi débouchera ce que l’on peut appeler désormais le printemps espagnol, mais sur place, beaucoup ont conscience que ce qu’ils vivent peut être quelquechose de grand, si les mots d’ordre de rassemblements pacifistes se poursuivent, et ouvrent la voie à de véritables refontes du système politique et économique ibérique.


Des milliers de personnes prennent possession de la Puerta del Sol

Que se passe-t-il en Espagne? Depuis dimanche soir, après les manifestations qui ont réuni environ 130 000 personnes dans tout le pays (lire mon précédent billet), plusieurs centaines de personnes ont décidé de rester jour et nuit sur les principales places des villes espagnoles. A Madrid, le mouvement occupe la Puerta del Sol, centre névralgique de la capitale.

Dans la nuit de mardi à mercredi, ce sont plus de 2000 personnes qui sont restées toute la nuit sur la Puerta del Sol. Au petit matin, alors que chacun se préparait à aller au travail, en cours ou rentrer chez soi, quelques centaines de personnes ont décidé de continuer l’occupation. Un nouvel appel à se rassembler a été lancé pour ce mercredi soir, et on attend une nouvelle fois la présence de nombreux jeunes, précaires, familles, avec des messages diffusés via les réseaux sociaux.

Le mouvement est relayé dans une quinzaine de villes espagnoles, à l’image de Barcelone, Séville, Valence ou encore Vigo, où des centaines de personnes, principalement des jeunes, ont décidé de marquer leur mécontentement. Mais c’est principalement à Madrid, où les manifestations ont été les plus importantes, que la mobilisation devrait se voir ce soir.

La naissance de ce mouvement, soutenu par aucun syndicat ou parti politique à son origine, tient de la puissance du déploiement des informations par les sites tels twitter, facebook ou encore flickr. Quelques mots d’ordre font état de l’exaspération du bipartisme, à l’approche des élections locales prévues ce dimanche, mais c’est surtout les conditions économiques et sociales actuelles qui semblent être au coeur de la contestation. Le chômage et la précarité des jeunes a atteint un niveau jamais connu auparavant, et les réformes mises en oeuvre par le gouvernement socialiste prévoyant notamment une plus grande flexibilité dans le marché du travail et l’allongement de la durée de cotisation, laisse place à un raz-le-bol grandissant dans la société espagnole.

L’apparition du mouvement « democracia real ya! » (« une vraie démocratie maintenant ») semble être la réponse trouvée par toute une frange de la société pour contester l’ordre établi. L’absence de revendications sociales et politiques précises risque pourtant de jouer en la défaveur des manifestants, mais nul doute que cette contestation risque fort d’influer sur le vote de dimanche prochain.

Le PSOE, qui devait terminer sa campagne par un meeting sur la plaza Mayor de Madrid, située à quelques pas de la Puerta del Sol, a finalement décidé de changer le lieu de sa rencontre pour l’effectuer à l’extérieur du centre.

Un soutien inattendu au mouvement s’est fait connaître. Il s’agit de l’ancien résistant Stéphane Hessel, qui s’est déclaré « agréablement surpris » par les événements de ces derniers jours, alors même que son ouvrage « Indignez-vous » est cité plusieurs fois en référence par les personnes qui se nomment elles-même « les indignés » .


Cinq mois après le mouvement tunisien, au tour de l’Espagne?

Cette information ne semble pas avoir passé les Pyrénées. Alors que la folie médiatique semble s’emparer d’un certain directeur du FMI, la crise perdure en Europe. Et c’est en Espagne hier, que la contestation pourrait avoir pris une tournure inédite.

Ce dimanche a été marqué par un mouvement sorti de nul part. Des dizaines de milliers de jeunes, dans une cinquantaine de ville espagnoles, ont manifesté durant l’après-midi. A l’appel de deux collectifs – Democracia real ya et Juventud sin futuro – ce sont plusieurs dizaines de milliers de personnes qui se sont retrouvées, suite à un appel lancé via les réseaux sociaux, et particulièrement Facebook

A Madrid, les manifestants se sont retrouvés sur la place de Cibeles, et ont parcouru la rue d’Alcala jusqu’à atteindre le point central de la capitale espagnole, la Puerta del Sol. Une centaine de personnes a décidé de camper sur place, et de rester ainsi de manière continue jusqu’au 22 mai, date des prochaines élections.

Les revendications portées par les cortèges ont largement tourné autour des problèmes de précarité, de chômage et de manque de perspectives personnelles et professionnelles. Au centre des mécontentements, la gestion de la crise, dont les contestataires jettent la faute aux hommes politiques et aux banquiers.

« Sin casa, sin curro, sin pensiòn, sin miedo » littéralement « sans toit, sans boulot, sans allocation, sans peur » pouvait-on lire dans le texte d’appel. Internet a emboité le pas à ce nouveau type de contestation. Sur le site twitter, des hashtag se sont créés pour suivre le déroulé des événements (#15m #15mayo #spanishrevolution), ainsi que l’occupation de la Puerta del Sol jour et nuit (#acampadasol).

Est-on en train de connaître une nouvelle ère dans la contestation de la jeunesse? A l’image des printemps du monde arabe, largement poussés par toute une classe d’âge et son utilisation du web, l’histoire récente nous apprend qu’il suffit d’une étincelle, dans certaines circonstances, pour embraser un système entier, et le faire vaciller.


A Evry aussi, le FN est de sortie

Les élections cantonales sont terminées et tout le monde regarde maintenant vers 2012. Sujet central de cette campagne, qui ne manquera pas d’agiter les rédactions d’ici l’année prochaine, le poids grandissant, bien qu’à relativiser, du Front National. A Evry, pour la première fois, le parti d’extrême-droite accédait au second tour d’un scrutin local.

Panneau électoral, Evry, élections cantonales

Fin mars, lors d’un scrutin à deux tours au suffrage universel direct, on renouvelait la moitié des sièges des conseils généraux, dans l’ensemble des départements français. Seule élection à ne pas concerner Paris, il faut croire qu’elle n’a pas passionné les principaux médias nationaux. Pas d’émission électorale, un traitement des programmes des candidats autour d’enjeux nationaux plus que locaux, il aura été difficile de mobiliser les électeurs pour ces élections qui décident de l’avenir de nos départements.

Avec les différentes lois de décentralisation, ceux-ci prennent pourtant aujourd’hui de plus en plus de place dans la vie quotidienne des français. Les départements, avec leur instance qu’est le Conseil général, décident des politiques sociales, gèrent les voiries, construisent et entretiennent les collèges, pratiquent des politiques culturelles et de soutien aux associations sportives, ou encore améliorent les dessertes locales de transport.

Trois faits sont à ressortir de ce scrutin des élections cantonales à l’échelle nationale. Prévisible, l’abstention a battu tous les records. Dans une certaine mesure, la gauche sort renforcée au sein de ces collectivités, puisqu’elle assure la gestion de celles-ci dans une majorité des cas. Enfin, c’est la poussée en terme de pourcentage du Front National qui est l’élément marquant de ce vote.

En Essonne, 10 candidats frontistes se sont qualifiés pour le second tour, sur les 21 cantons renouvelables que compte le département. Au final, aucun élu, mais des scores qui dépassent les 40% dans certains bureaux de vote. Est-ce à dire que les français se sont largement imprégnés des valeurs défendues par le parti de Marine Le Pen?

Comme expliqué dans un article de Fiona Moghaddam publié sur Essonne Info, il règne une certaine banalisation du vote FN dans certains quartiers d’Evry. Mais plus que pour des raisons d’adhésion à un projet, il s’agit surtout d’un vote rejet. Rejet des politiques menées, à différents échelons, rejet d’une certaine forme d’exercice du pouvoir, impression d’être laissé de côté, elles peuvent être nombreuses les causes qui font monter d’un cran le degré d’exaspération d’une société, du moins d’une large frange qui se sent complètement abandonnée.

A Evry pour la première fois, le Front National a accédé à un second tour de scrutin local. A me rappeler l’effervescence qui régnait après l’arrivée de Le Pen père au second tour des présidentielles de 2002 dans ma ville, je n’ose des fois pas croire que je me trouve au même endroit, même 9 ans après. Je fais partie d’une génération qui a profondément été marquée par l’accession de l’extrème-droite au second tour de l’élection de 2002. Lorsque l’on grandit dans un environnement tel que celui des quartiers d’Evry et de la ville nouvelle, on ne peut s’empêcher de penser que demain, la France sera multicolore, ouverte, généreuse. Un endroit où il fait bon vivre, où les personnes ne sont pas considérées par leur origine ethnique, mais par leur personnalité. A l’école, au bac à sable comme dans les premières escapades, mais également au moment de passer le baccalauréat série économique et sociale au lycée ZEP Georges Brassens, et que l’on voit ce résultat effrayant, on est marqué à vie, et on se dit que décidément, cette vision de la France rétrograde et fermée n’est pas la nôtre. Aujourd’hui, le contexte est différent, mais le sentiment d’amertume déjà constaté laisse tout de même un goût particulier sur les choses. Comme hier, il faudra cette fois réagir de plus belle, et demain mettre en marche le vrai changement sociétal attendu par tous ceux d’en bas, mais qui tarde à se concrétiser.


Et un jour, j’ai découvert Twitter

Je vous parlais il y a quelques temps de mon passage dans le monde des téléphones internet (lire le billet). Ce passage a coïncidé avec la découverte d’un nouvel outil multimédia, le site de micro-blogging Twitter. Une révolution, et c’est le cas de le dire…

C’est un peu comme si cela ne s’arrêtait jamais. Toujours être connecté, toujours aux nouvelles de cce qu’il se passe à côté de chez moi ou à l’autre bout du monde, voilà à quoi sert twitter. Quand on sait apprivoiser cet outil, on est réellement au coeur des choses, et même avant.

Comme pour suivre les derniers évènements tunisiens, égyptiens ou libyen. Chaque hashtag permet de recevoir en direct les dernières infos, sur un sujet précis. Lors d’une conférence ou un événements, nombreux sont les utilisateurs à livetweeter. Le principe consiste à retranscrire en direct, toujours sous le forme de micro-blogging, les principales actualités.

C’est là que le bas blesse, et que le journaliste en herbe doit aussi s’adapter. Car pas question d’écrire de longs romans. Seuls 140 caractères sont disponibles, pour des textes courts, donc incisifs et clairs : tout un travail en soi.

Pour être au plus prêt des actualités mondiales, un coup d’oeil au compte @RFI_français , qui fonctionne jour et nuit, est assez perspicace. Et puis pour connaître la vie trépidante de la rédaction d’une petite émission consacrée aux nouveaux modes de communication, rien de tel que de suivre @ateliers_medias 😉

Quand on souhaite découvrir l’intérieur du milieu journalistique, à force de suivre les bonnes personnes,on comprend vite que certains ont les informations de manière très rapide. Il s’agit donc de passer carrément de l’autre côté du miroir avec Twitter, et de savoir par avance quels sujets vont être traités dans les rédactions.

Pour des personnes qui animent par exemple des sites d’information thématiques ou locaux, c’est également l’occasion d’échanger avec les web-lecteurs, et récupérer de l’information de manière ciblée et précise. Source d’information, twitter fait office de lieu d’enquête et aussi d’échanges sur des questions bien précises.

Pour ne citer qu’eux, les sites @essonneinfo ou @93infos font dans le micro local. Rester connecté à des médias qui tendent à se développer, de manière locale, permet de créer des liens, et de partager aussi des expériences, des conseils et coups de main…

Et tout ça, dans un téléphone qui tient dans ma poche, une révolution je vous dis !

PS : ce post n’est d’aucune manière une séance de copinage, bien que ça y ressemble fortement 😉