Une semaine avec ces étrangers qui dorment devant la préfecture
Dans le cadre de mon travail dans la rédaction d’Essonne Info, je me suis penché ces dernières semaines sur un phénomène très particulier. A Evry, chef lieu du département de l’Essonne, des centaines de résidents étrangers doivent dormir devant les grilles de la préfecture, pour effectuer de banales démarches administratives.

On les trouve sur place au petit matin. Ils passent la nuit entière dehors, avec l’espoir d’être parmi les 150 qui se verront attribuer un ticket d’entrée. Avec la mise aux normes de l’administration préfectorale aux nouveaux dispositifs du passeport biométrique, une véritable désorganisation de l’accueil des étrangers est en oeuvre depuis plus de trois mois en Essonne. En me rendant plusieurs fois au long de la semaine devant la préfecture, j’ai pu me rendre compte de la gravité de la situation.
Dimanche soir. C’est devant les grilles de la préfecture que des centaines de résidents étrangers sont condamnés à dormir, sous les aléas du climat, y compris quand celui-ci amène une tempête de grêle (lire le reportage). Lundi matin, après un week-end de quatre jours pour cause de ferié, ils seront une nouvelle fois trop nombreux pour tous entrer dans la préfecture.
Lundi soir. Après une journée calme, les premières personnes arrivent sur place dès 17H. A 20H, on dénombre déjà plus de 100 personnes. Une petite organisation s’est mise en place. Les étrangers éditent des numéros à l’aide de petits bouts de papiers. Il s’agit d’établir un ordre d’arrivée, qui est ensuite censé correspondre à l’entrée des personnes le lendemain matin en préfecture.
Mardi. Plusieurs témoignages de lecteurs d’Essonne Info parviennent à la rédaction. La présence des résidents étrangers devant les portes de la cité administrative d’Evry est en effet visible, et beaucoup sont ceux à s’interroger sur les raisons de cet encombrement administratif. Monsieur Kamara, un « immigré parmi tant d’autres » livre un récit troublant, ce qui m’a amené à le publier intégralement.
Mercredi après-midi. Suite aux premiers reportages sortis en début de semaine, la préfecture de l’Essonne, contactée au sujet de l’accueil des étrangers, me propose un rendez-vous avec le secrétaire général de la préfecture. Celui-ci reconnaît le problème, tout en indiquant qu’il faudra du temps pour un retour à la normale.
Mercredi soir. La présence sans discontinuer des étrangers devant les grilles de la préfecture semble faire des victimes collatérales. Les riverains de la rue avoisinante font directement les frais de ces attroupements nocturnes, et parlent de « dépressions » en ce qui les concerne.
Mercredi soir. Il est 19H30, une soixantaine de personnes sont déjà sur place, pour tenter leur chance le lendemain matin. 127 : c’est le nombre de tickets déjà distribués selon l’ordre d’arrivée des étrangers, qui vont une nouvelle fois passer la nuit entière dehors.
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